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En lutte:
François
"Cesco" Buttet est un artiste militant. Pour lui, la musique
existe dans la mesure où elle est liée à une « lutte». En cela, il est
fatalement en marge du paysage musical professionnel lausannois. Cela,
même s'il en est un des acteurs parfaitement reconnus (1). La
lutte, pour lui, peut être d'ordre différent. Elle est pédagogique,
politique, sociale ou culturelle (2). L'un des bons exemples de son
travail est la Clique qu'il crée au milieu des années quatre-vingt.
Faite d'amateurs pour la plupart saxophonistes et percussionnistes,
elle adopte un répertoire exotique et facile pour ce genre de
formation destinée à jouer dans la rue plutôt que sur scène. Buttet
compose et arrange tous les morceaux et s'engage sur des
manifestations soigneusement choisies pour leur offrir une visibilité
accrue. La Clique est donc à cette époque de la plupart des
manifestations de contestation et de solidarité en Suisse romande.
Elle participe aussi à des carnavals et à des fêtes. La Clique existe
encore aujourd'hui. Elle se nomme Traction Avant et on la voit dans
diverses circonstances, l'une des dernières étant la soirée finale du
Festival de jazz Onze Plus 1996. Sur son versant professionnel,
François (( Cesco )) Buttet a créé Fanakalo (du nom d'un langage parlé
par les ouvriers d'une mine en Afrique du Sud). Cet orchestre lui
permet de jouer avec des professionnels de qualité sa musique de
prédilection:
le répertoire afro-cubain en allant chercher assez loin dans les origines de ces compositions dont les avatars modernes sont les musiques de danse que l'on connaît. On est là beaucoup plus près de Chris McGregor ( jazzman sud-africain blanc engagé à l'époque contre l'apartheid) que de Ruben Blades (ami personnel de l'ex-président Norriega).
1 Notamment par les
nombreux élèves auxquels il a appris - à aimer - la musique.
2 Il est, à l'époque, un de ceux qui s'engagent violemment contre l'arrivée de Maurice Béjart à Lausanne. |